Création 2015 – Télécharger le dossier de présentation
Finis Terrae, le dernier film muet réalisé par Jean Epstein (La Femme du bout du monde, La chute de la maison Usher) en 1929, oscille entre poésie, documentaire et fiction. L’histoire se déroule sur les îles de Ouessant et de Bannec séparées par le passage du Fromveur. Le début du film présente quatre hommes qui travaillent à Bannec à la pêche et au brûlage du goémon dans un complet isolement. Par accident l’un d’entre eux se blesse et tombe gravement malade…
Ce film s’offre aujourd’hui à nous comme une peinture d’une époque, d’un monde social, d’une vie bien particulière. La simplicité narrative permet de porter pleinement attention à l’aspect pictural des scènes, aux chorégraphies individuelles et collectives que forment les mouvements des personnages. Et la musique du duo Bleu Pétrole pénètre alors ce tableau pour y imprimer l’intensité et le rythme des états d’âme emportant protagonistes et spectateurs…
Jean Epstein, à propos de Finis Terrae:
« Quand, pour la première fois, à bord de la petite Hermine, le patron Morin me fit découvrir les îlots Bannec, Balanec et leur colonie de pêcheurs de goémon, je ne manquai pas d’être impressionné par l’air farouche de ces êtres amphibies, tantôt trempés par les embruns, tantôt suant au feu de leurs fours à soude ; parlant mal le français ; feignant une très digne indifférence à l’égard du visiteur inattendu ; travaillant avec un effort ininterrompu de bête de trait ; apparaissant hors de la fumée âcre, y rentrant, selon la brise ; habitant des trous entre les rochers ou de vieilles coques renversées ; non sans majesté, ni richesse à eux, sauvages contemporains. Morin se fit interprète et, moyennant une petite indemnité, les goémoniers consentirent à se laisser diversement photographier, ironiquement indulgents à notre caprice. Alors j’ignorais encore l’échelle des valeurs aux îles et qu’un litre de rouge en nature, à cause de la difficulté à se le procurer, est préféré à deux fois son prix en espèces. En trois courtes heures, car la marée pressait, je remarquai déjà les deux camarades de travail qui devaient être ensuite parmi les principaux interprètes de Finis terræ, scénario dont ces îliens eux-mêmes me fournirent peu à peu presque tous les éléments. »